[SERIES MANIA] Quand Black Mirror souligne les dérives de notre société
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Ce week-end, la conférence « Je like donc je suis » basée sur la série Netflix « Black Mirror » a eu lieu au festival Series Mania. Animée par Marie Turcan (journaliste), cette conférence débat a accueilli Michel Gien (CEO Twinlife) et Laurence Allard (chercheuse à Paris 3) pour débattre autour des problématiques liées aux nouvelles technologies.
Retour sur la série Black Mirror
Diffusée depuis 2011 sur la plateforme Netflix, cette série crée par Charlie Brooker est une série d’anticipation concernant les avancées technologiques. Chaque épisode de cette série de science fiction est différent du précédent que ce soit au niveau de l’intrigue, des personnages ou de la morale. Black Mirror explore un futur high-tech où se heurtent les plus belles innovations et progrès technologiques mais également les potentiels dangers découlant de chacun d’eux.
C’est une des merveilles de Netflix qui nous pousse à la réflexion à chaque épisode et nous fait reconsidérer chaque fois un peu plus notre dépendance à cette technologie, qui devient partie prenante de notre quotidien.
Le contenu du débat
Le débat se centre sur le premier épisode de la saison 3, nommé Chute libre. Celui-ci présente un monde futuriste où chacun est noté par ses semblables selon sa gentillesse, les services qu’il rend ou au contraire les fautes qu’il commet. Ainsi, tous les individus sont hiérarchisés selon leur nombre de «like »
Aujourd’hui, bien qu’effrayante, cette idée n’est encore que fiction.. et pourtant !
La Chine envisage de classer ses citoyens en fonction de leurs données personnelles tandis qu’aux Etats-Unis, il faudrait déclarer son compte Facebook pour passer la douane. Et si Black Mirror se révélait davantage prophétique que dystopique ?
Présent ou futur ?
Dans cet épisode, le « like » occupe une place majeure. En effet, comme dans notre société actuelle (que ce soit sur Twitter, Instagram ou Facebook), il a une fonction de reconnaissance sociale. C’est ce qui « valide » notre contenu et plus il y en a mieux c’est. Dans la série, cette popularité offre aussi des avantages (ex : réduction sur des appartements) et peux ainsi se comparer par le pouvoir d’achat de notre société. Dans ce sens, cet épisode de Black Mirror se positionne en plein dans le présent et ne s’avère pas si dystopique que cela.
La sociologue Laurence Allard souligne que Black Miroir montre le mauvais coté du miroir. La série caricature les tendances actuelles, les usages du numériques et c’est en cela que la série fait œuvre de science fiction. Black Mirror permet d’émettre un propos sur la société actuelle en radicalisant l’usage d’aujourd’hui. Ainsi, il n’y a pas de réelle dystopie puisque la technologie va permettre de révéler, critiquer le monde contemporain et ce sentiment d’évaluation et de jugement notamment.
Une notation déjà présente…
Le second point du débat évoque le système de notation. Comme les likes, celui-ci est déjà présent dans notre société actuelle, avec par exemple le système d’Uber, de Blablacar ou encore des livraisons Darty. On évalue un service, mais cela se répand de plus en plus aux individus. Cependant contrairement à l’épisode « Chute Libre », nous allons chercher à nous rattacher à des éléments matériels que l’on différencie de la personne en elle-même. Fort heureusement, l’évaluation globale d’une personne, aussi bien les biens et les services à l’image de la série n’est pas encore quelque chose de désiré et voulu par la société. Cependant, on tend vers un monde qui note ses concitoyens, à l’image de la Chine.
Un futur qui porte à réflexion
Face à ces constats, la fiction peut-elle changer les choses ? Peut-elle faire prendre conscience ? Cette question nous renvoie encore une fois à notre propre usage aussi bien des réseaux sociaux que de la technologie. Il est certain que cet épisode nous a laissé pensif quant à notre propre utilisation de nos téléphones, ordinateurs..
Cependant, aujourd’hui, la vie sociale devient de plus en plus marchandisée et notre quotidien devient « une œuvre d’art » et une micro société, que ce soit via nos post facebook, nos photos Instagram ou encore notre localisation sur Snapchat. L’Homme s’exprime par les réseaux sociaux, par cette localisation aussi qui devient un moyen de « dire sans dire ».
Les outils technologiques dans Black Mirror deviennent un réel moyen de contrôle de la société, des individus et de leurs comportements et manière d’être. Et ce contrôle se fait aussi bien de façon verticale (force de l’ordre, sécurité) qu’horizontale (entre individus). Cependant, Black Mirror nous fait réfléchir sur les alternatives possibles. Nous ne sommes pas enfermés dans ce contrôle et il ne tient qu’à nous d’en sortir !
Sachez que l’intégralité du débat et de cette conférence est disponible sur le site de Séries Mania ! Et vous qu’avez vous pensé de cet épisode ? Si ce n’est pas encore fait, je vous conseille de vite regarder Black Mirror sur Netflix ! 😉